Qu’Est-ce qu’une bourse ? Comment fonctionne-t-elle ? Comment y investir son argent et pourquoi ?
@Interviews d'expert. Le Ouagalais

Cette terminologie de l’économie n’est pas familier au commun des burkinabè. Pour casser les mythes, le Ouagalais navigue les océans de l’économie et de la finance avec un jeune et talentueux du domaine. Il est burkinabè, auteur d’un livre intitulé « Investir à la BRVM », expert, analyste financier, spécialiste des marchés financier émergent et commissaire général du Salon International de la Bourse Africaine (SIBA) ; Boukaré Bancé, puisque c’est de lui qu’il est question, il est l’invité de votre journal ce week-end et nous parlera, et de son œuvre, de la Bourse régionale et apportera les éléments de réponses aux questions précédemment posées.
La bourse, un marché oui mais quoi d’autre ?
La bourse est un marché à l’exemple des marchés que nous connaissons comme Zabre-daga, rood woko. La bourse est la représentation virtuelle de ces marchés traditionnels et on part en bourse pour acheter des produits financiers. Si on achète des bananes, des tomates ou encore des chaussures à Rood-woko, à la bourse on achète des produits financiers comme des actions, les obligations ou des bons.
Ces produits ne sont pas palpables comme ceux que vous achetés dans les marchés traditionnels parce qu’ils ne sont pas physique.
Actions, obligation, bons quoi faire avec?
Une action est une partie d’une entreprise. Considérons une entreprise qui fonctionne et si vous achetés une action vous deveniez membre au même titre que ce qui l’on créer. De ce fait vous bénéficiez de certains droits que ce soit le droit à l’information, le droit aux bénéficies s’il y a de bénéfices à se partager.
Une obligation est un titre de créance ce qui veut dire des prêts que vous octroyer que ça soit à un état ou à une entreprise. Un état peut être dans le besoin d’un financement et il peut le demander à toute la population et chacun peut répondre. Quand l’état demande un financement, il le demande sous forme de d’obligation ou sous forme de bon et là vous prêtez et vous gagnez en retour ce qu’on appelle des intérêts.
La bourse comme levier économique pour une communauté…
La bourse constitue un levier de développement économique dans un état. Lorsque dans un état vous aviez une bourse, elle constitue un pilier qui va permettre d’impulser ce qu’on appelle le développement économique dans cet état. Et la bourse, c’est la retranscription de la vie de votre société. Pour un état, la bourse est un moyen pour pouvoir se faire financer. Quand un état a besoin de financement pour réaliser ses projets, la bourse est un moyen pour se financer et c’est pareil pour une entreprise.

La bourse est aussi un moyen pour les Etats et les entreprises d’être transparent, pour renforcer leurs gouvernances et avoir de la visibilité. Pour les particuliers comme vous et moi, la bourse peut nous servir à atteindre beaucoup de nos objectifs, comme préparer sa retraite, ce qui peut être faire à travers la bourse, payer la scolarité des enfants, on peut le faire à travers la bourse. Réaliser un projet, quand on a besoin de fonds, on peut aller sur les marchés pour les avoir selon votre posture que vous soyez une entreprise, une personne physique vous aviez votre compte au niveau des marchés financiers.
Tous les pays du monde ont leurs bourses, il y a aussi des exceptions…
Il existe des bourses dans tous les pays du monde que ce soit en Afrique, en Europe, en Asie ou au Moyen orient, tous les pays ont des bourses ; c’est pour dire son importance. Pourquoi tous les pays ont leurs bourses ? La bourse existe depuis plus de 1000 ans et c’est maintenant, dans nos contrés qu’on ne connaît pas assez la bourse sinon dans certains pays la bourse, on ne joue avec.
Tous les pays du monde on leurs bourses, si vous partez au Ghana à côté, ils ont leur bourse ; le Nigeria, l’Afrique du sud, le Maroc, l’Egypte, le Kenya, tous ces pays ont leurs bourses chacun. Vous quittez l’Afrique pour l’Europe, chaque pays a sa bourse. Chez nous au Burkina Faso, on n’a pas de bourse à nous uniquement. On a décidé de se mettre ensemble avec tous les autres de l’UEMOA pour former une bourse. C’est la seule bourse au monde entier qui regroupe 8 Etats, ça n’existe pas ailleurs, c’est une bourse particulière, spéciale qui regroupe 8 états. Nous nous sommes mis ensemble pour créer une seule bourse.
La Bourse régionale de valeurs mobilière et les réalités économiques locales de chaque pays…
On s’est mis ensemble on a créé une seule bourse qu’on appelle la Bourse Régionale des Valeurs mobilières, la BRVM. Régionale qui prend en compte l’espace commun qu’est l’UEMOA. Nous partageons un espace commun, on a plusieurs lois, plusieurs règlementations qui nous permettent de travailler ensemble que ça soit politiquement, économiquement, que ce soit en terme de libre échanges des personnes et des biens ; tout ceci pour nous permettre de travailler ensemble. Que ce soit en termes de monnaie également, on a quelques choses en commun et c’est sur la base de tous ces éléments qu’on a créé la bourse même si chaque état a ses spécificités. Le Burkina Faso a ses réalités différentes du Mali, du Niger, de la Côte d’Ivoire etc. et vice versa.
Chaque Etat à ce qu’on appelle « le climat des affaires » ce qui diffère d’un pays à l’autre dans l’espace. Et « le climat des affaires » se reflète par les entreprises qui sont cotées sur les marchés. Tous les 8 états décidant de créer la bourse, disent au départ que toutes les sociétés qui sont dans l’espace UEMOA ont la possibilité de se faire coter. On remarquera qu’une société au Burkina Faso n’a pas les mêmes spécificités qu’une autre qui est en côte d’Ivoire mais elles ont toute la possibilité d’aller sur le même marché. Toutes les réalités sont retranscrites sur le marché en termes de climat d’affaires, climat politique ou économique, socioprofessionnelle, sécuritaire et bien d’autres. Quand toutes ses réalités sont transmises sur le marché, automatiquement les investisseurs regardent ces aspects, avant de prendre une décision.
Si vous devez investir au Sénégal, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Niger ou au mali, il y a un certains nombres de critères et ce sont ce que je venais de citer précédemment qui sont reflétés sur le marché. On est donc sur un même marché avec des spécificités différentes qui font investir à la bourse nous ramène à voir comment un pays fonctionne, avec tous ses aspects, ses lois, ses politiques, ses économies et le sociale pour pouvant prendre la décision. Automatiquement tous ces aspect et spécificités sont transcrits à travers les entreprises qui y sont et travers l’état qui est présenté sur le marché.

La Bourse des matières premières agricole (BMPA), tout comme la BRVM est partie d’Abidjan pour être régionale
Il faut savoir que la BRVM vient déjà de la côte d’Ivoire et au départ c’était la bourse d’Abidjan et non la bourse régionale de valeurs mobilières. Et c’est suite à la bourse d’Abidjan que les 7 autres pays de l’UEMOA ont vu l’importance du marché financier et ont décidé de s’associer. Les ministres en charges des économies et des finances se sont rencontrés et ont décidé d’en faire une bourse commune au lieu de créer chaque Etat sa bourse. On était encore en 1996, en 1998, on opérationnalise et on a la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières.
Aujourd’hui la Côte d’Ivoire lance ce qu’on appelle la Bourse des matières premières agricoles (BMPA). Cette bourse des matières premières agricoles commence avec trois produits ; le cola, l’anacarde et le maïs. Ce sont ces trois produits qui sont cotés pour le moment, au fur et à mesure les autres produits viendront. Cela n’exclut pas que les autres Etats viennent s’associer, on est à la phase test donc ce marché va être testé, être peaufiner et va s’améliorer et il y a la possibilité qu’il puisse s’étendre de la même manière que la bourse régionale qui est passée de bourse d’Abidjan à BRVM. Si on a la possibilité de s’appuyer sur des choses qui existent déjà on ne va pas aller inventer, c’est déjà un bon pas et c’est à encourager.
Le Burkina Faso a beaucoup de potentialité agricole que ce soit le coton ou la céréale et plein d’autres exemples. Ça va être cas même bien avec nos paysans ce qui va permettre de mettre de la transparence dans les prix, et de savoir comment les prix sont fixés ; parce qu’ils ne savent pas le plus souvent. Quand vous partez à Banfora ou à Orodara, là où il y a du sésame ou du soja assez important ; ils ne savent comment les prix sont fixés. Vous aviez les indiens qui viennent en acheter de ces produits et fixent le prix. Selon nos paysans ce sont les indiens qui fixent le prix alors que ces derniers se réfèrent aux marchés et le marché des matières premières le plus développé se trouve à Londres. Ils utilisent donc ses coûts et ils viennent les imposer à nos cultivateurs qui n’en savent rien de tout ça. Par conséquent il y a tendance à en abuser, en réalité de ce qu’ils savent, et c’est ce qu’on appelle l’« asymétrique de l’information ». Ils ont l’information que nos paysans n’ont pas donc ils l’utilisent pour s’enrichir. Et c’est pour caser tous ces éléments et permettre à nos cultivateurs de vivre en réalités de la sueur de leur effort.
voir aussi: Côte d’Ivoire|Marché financier: La Bourse des Matières Premières Agricoles (BMPA) vient de voir le jour
Nos agriculteurs gagneront plus à se former et à coopérer…
Déjà au niveau de ce qui lancé, il y a plusieurs tests, il y a des points de stockage qui ont été conçu au niveau de la côte d’Ivoire. On espère bien que ça va s’étendre et on n’ira pas dans des fragments où chacun va créer sa bourse des matières premières. Ça nous donne pas plus de force ni de poids comparativement à certaines bourses qui sont vraiment des masséters. Plus on va aller ensemble mieux sera.
La chaine agricole est assez importante dans un pays où l’agriculture occupe plus de 80% de sa population. De la formation des acteurs, la semence, la production sont toutes des étapes très capitales. Nous somme dans des contextes où l’agriculture est léguée du père au fils et on se dit parfois qu’on n’a pas besoin de formation ce qui n’est pas juste. On a ce besoin de former les agriculteurs pour améliorer leurs compétences sur les techniques de productions de ce qui seraient sur ces marchés, renforcer les capacités de compréhension de ces marchés, renforcer leurs capacités pour qu’ils puissent détecter les saisonnalités même si par leurs expériences ils en savent déjà quelques choses, c’est de pouvoir tirer profits au maximum de ces saisonnalités-là. Il y a évidemment un travail qui doit être fourni à ce niveau.
En ce qui concerne la production, il faut travailler sur ce volet de sorte à prioriser les produits dont on a besoin, des produits qui nous portent de la valeur ajoutée. Globalement tous nos produits sont vendus brut donc le cultivateur ne gagne pratiquement rien, parce qu’il n’y a pas de valeur ajouté et c’est en cela que l’étape de transformation est importante. Quand on produit, il faut qu’on arrive à transformer même le peu et aller à la phase de distribution qui aussi est très importante.
On a des produits qui pourrissent, des tomates, des pommes de terre qu’on produise en quantités qui, par mévente pourrissent, ou par manque d’accès aux grandes villes ne peuvent être transportés pour être distribué. Il y a tout ce travail là qui doit être fait pour ne pas dire débroussailler toute la chaîne avant qu’on parte sur ces marchés pour que chacun puisse tirer les longs profits de ce qu’il fait. Si l’agriculteur gagne, c’est tout le monde qui gagne en réalité.
L’organisation du secteur agricole est un maillon essentiel de la chaîne…
Il faut se mettre ensemble. C’est vrai que dans nos contextes tout le monde veut être le boss mais pour avoir plus de force il faut s’associer. Il y a des coopératives, c’est de les renforcer, ceux qui ne sont pas en coopérative, c’est de s’arranger à les mettre en coopérative pour qu’on puisse les accompagner. Plus vous êtes en coopérative l’accompagnement est plus aisé que ce soit financier ou technique et c’est bien de se mettre ensemble. Ça peut être par secteur d’activité, par région selon en tout cas les spécificités qui vont le plus arranger les acteurs qui sont dans le domaine agricole. Ne pas aller individuellement chacun dans son sens car on en bénéficie vraiment pas. Celui qui en bénéficie est celui qui joue l’arbitraire et il profite de nos faiblesses.
L’Etat doit créer cet environnement propice aux affaires dont l’agriculture…
Nous sommes dans des contextes où nous souhaitons que l’exemple vient du haut mais il faut le reconnaître que l’Etat a sa part et les acteurs ont aussi leur part de responsabilité. L’Etat doit créer de son rôle, le climat qui doit permettre à tous les acteurs de se sentir bien. L’Etat doit valoriser le secteur de ce sens que quand tu es un agriculteur ce n’est pas bien vu. Dans tous les pays développé la première révolution est la révolution agricole ; il faut pouvoir se nourrir d’abord avant de s’industrialiser ou faire tout autre chose et on transforme ce qu’on produit d’abord.
Déjà l’Etat doit créer un climat des affaires, un environnement qui est favorable, qui encourage les acteurs agricoles, où on les sensibilise, où on les met devant et les valorise. Il faut encadrer cela aussi par une législation ; ce qui peut les permettre entre eux de se mobiliser et d’atteindre un certain nombre d’objectifs.
Du point de vu des acteurs, il faut que l’Etat encourage aussi des initiatives. Il y a des initiatives prises déjà qui sont bonnes mais sans accompagnements, elles restent isolées et meurent. Aujourd’hui, nous constatons que l’Etat a montré à tous les acteurs que l’agriculture est au centre des politiques prioritaires du développement du pays. C’est déjà un bon signal et cela encourage les agriculteurs et si vous avez un projet dans ce sens vous serez accompagnés. Ça incombe aux acteurs maintenant d’être vraiment transparents, qu’ils reconnaissent avoir de l’accompagnement et veiller à la bonne gestion des ressources.
L’Etat a la volonté d’accompagnement souvent mais il y a des détournements, des fausses informations et de nombreuses malversations. Il faut que toute la chaîne se responsabilise et chacun doit être patriote et c’est par la force des choses qu’on peut faire bouger les lignes et amener les dirigeants à prendre de bonnes décisions. Malheureusement quand il s’agit des choses qui amusent la galerie on a plus de monde que les choses sérieuses.
A suivre (la semaine prochaine)
Interview réalisé Ousseni SAKANDE
Le Ouagalais