Afrique| Développement : Les transferts de fonds comme moyens de financement du continent
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Les transferts de fonds vers l’Afrique sont passés d’environ 53 milliards de dollars en 2010 à 95 milliards de dollars en 2024. Durant cette période, leur part dans le PIB du continent est passée de 3,6 % à 5,1 %, faisant des transferts de fonds l’une des sources de financement extérieur les plus importantes et les plus stables de l’Afrique, selon un rapport de l’Institut d’études de sécurité rendu publique le 28 Août 2025.
Grâce aux réformes financières, les transferts nets de fonds de l’Afrique atteindront environ 168,2 milliards de dollars américains d’ici 2043, contre 137,2 milliards de dollars américains selon la trajectoire de référence. En 2024, les transferts de fonds ont presque dépassé la valeur de l’aide publique au développement (APD) et des investissements directs étrangers (IDE), estimé au cours de la même année à 97 milliards de dollars US. Selon ledit rapport 36% de ce montant étaient destinés aux projets de développement en Egypte et environ 62 milliards US, qui sont nettement inférieurs aux transferts de fonds, concernaient le reste du continent.
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L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord ont attiré les volumes globaux de transferts de fonds les plus élevés. Les pays comme le Nigeria, le Maroc et l’Egypte ont représenté les parts les plus importantes des flux de transferts de fonds en 2024. Ces fonds sont essentiels et vitaux pour les ménages à faibles revenu et à revenu intermédiaire. La plupart des familles sur le continent dépendent de ces transferts qui, comparativement aux IDE et APD ; échappent aux circuits administratifs pour toucher les bénéficiaires. Ces derniers dépensent localement en stimulant commerces et services. Ces fonds transférés sont aussi investis dans les infrastructures communautaires et ont un impact direct sur la santé, le logement, l’éducation et la sécurité alimentaire.
Les transferts de fonds contribuent également à la stabilité macroéconomique. Dans des pays comme la Gambie, le Lesotho, les Comores, le Soudan du Sud, le Libéria et la Somalie, ils représentent plus de 10 % du PIB. Ils constituent une source stable de devises, ce qui renforce les réserves nationales et réduit les vulnérabilités externes.
Malheureusement, par manque d’encadrement une partie importante de ses transferts de fonds transitent dans des canaux informels. Le plus souvent ces fonds sont transférés par des canaux non enregistrés ou en espèces, notamment en RDC, en Libye, au Zimbabwe, en Somalie et au Nigeria. Ce recours à des intermédiaires non enregistrés non seulement entrave les efforts visant à promouvoir l’inclusion et la transparence financières, mais masque également l’ampleur réelle du soutien de la diaspora, limitant ainsi l’efficacité des politiques fondées sur des données probantes.
L’émergence des services fintech et des plateformes de mobile money a déjà commencé à transformer le paysage, en facilitant les transferts transfrontaliers à moindre coût. Des initiatives continentales, comme la Zone de libre-échange africaine et le système panafricain de paiement PAPSS, ambitionnent également de rationaliser les règles et d’unifier les corridors de transfert.
En 2023, le coût moyen des transferts d’argent via des applications mobiles vers l’Afrique représentait environ 5 % du montant transféré, un chiffre bien supérieur à l’objectif de développement durable (ODD) des Nations Unies, qui est de 3 % d’ici 2030. Pour remédier à ces obstacles, il est nécessaire d’innover en matière de réglementation et d’assurer un accès universel aux services financiers.
Source : IED
Ousseni SAKANDE
Le Ouagalais