SONABHY lance un emprunt obligataire de 53 millions de dollars à travers une opération de titrisation de créances : une opportunité pour les Burkinabè

La Société nationale des hydrocarbures du Burkina Faso (SONABHY) lève 30 milliards de francs CFA soit 53,6 millions de dollars par le biais d’une émission d’obligations adossée à la titrisation de créances. Les fonds serviront à financer de nouvelles installations de stockage d’hydrocarbures.

Qu’est-ce que cela veut dire et comment les citoyens burkinabè peuvent –ils contribuer et aussi faire profit ?

Les explications avec  Boukaré BANCE, analyste financier, spécialiste des marchés financiers et auteur du livre « investir à la BRVM ». Commissaire Général du Salon International de la Bourse Africaine (SIBA), il explore avec nous, au-delà des chiffres et des graphiques, le processus de participation de l’investisseur moyen.

SONABHY lance un emprunt obligataire de 53 millions de dollars à travers une opération de titrisation de créances. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

La SONABHY (Société Nationale Burkinabè d’Hydrocarbures) a des créances sur l’État. Pourtant, elle a besoin d’argent tout de suite pour construire de nouvelles infrastructures de stockage pour éviter les pénuries en cas de crise ou de retard d’approvisionnement.

Mais comme ces projets coûtent très cher, plutôt que d’attendre que l’État la rembourse petit à petit, elle a choisi de faire de la titrisation de créances pour avoir de la liquidité.

C’est quoi la titrisation ?

La titrisation, c’est quand une entreprise a des dettes que d’autres doivent lui payer (des créances) et qu’elle décide de les transformer en argent tout de suite.

Qu’est-ce qu’un emprunt obligataire ?

Un emprunt obligataire est un prêt collectif lancé par une entreprise ou un État auprès du public pour mobiliser des fonds.

• Au lieu de demander un crédit bancaire, l’émetteur (ici la SONABHY) s’adresse directement aux investisseurs (vous et moi, aux entreprises, aux institutions, etc..).
• En échange de leur argent, les investisseurs reçoivent des obligations, qui sont comme des reconnaissances de dette.
• Et l’entreprise rembourse le capital investi, tout en versant chaque année des intérêts appelés coupons.

Qui rembourse les investisseurs ?

1. Les investisseurs récupèrent leur argent avec des intérêts chaque année.
   1. L’État burkinabè s’engage à payer tout le capital (les 30 milliards) et 74 % des intérêts.
   1. La SONABHY, pour sa part, prend en charge les 26 % restants des intérêts.

Comment un citoyen burkinabè peut participer ?

Tout citoyen de l’UEMOA, y compris les Burkinabè, peut souscrire à ces obligations :

• Il suffit de se rendre auprès d’une SGI (Société de Gestion et d’Intermédiation) ou autres acteurs.
• Ouvrir un compte-titres (l’équivalent d’un compte bancaire pour les valeurs mobilières).
• Passer un ordre d’achat pour le nombre d’obligations souhaitées.

C’est un investissement accessible et encadré par les règles de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM).

Quelle est la rentabilité pour l’investisseur ?

Les obligations émises par le FCTC SONABHY offrent un taux d’intérêt brut de 𝟖,𝟏% par an, mais le remboursement se fait tous les 𝟔 𝐦𝐨𝐢𝐬 (𝐬𝐞𝐦𝐞𝐬𝐭𝐫𝐢𝐞𝐥).

Prix de souscription : 𝟗 𝟕𝟎𝟎 𝐅𝐂𝐅𝐀. Cependant, dans le calcul du remboursement, on considère la valeur nominale de 𝟏𝟎 𝟎𝟎𝟎 𝐅𝐂𝐅𝐀, ce qui crée un gain immédiat de 300 FCFA par obligation achetée.

Cela signifie que pour chaque 10 000 FCFA (valeur nominale), un investisseur reçoit 810 FCFA d’intérêts chaque année (avant impôts), soit 405 FCFA chaque semestre.

𝐄𝐱𝐞𝐦𝐩𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐫𝐞𝐭 :

Si un investisseur achète 100 obligations :

Montant déboursé : 970 000 FCFA (100 x 9 700 FCFA).

Montant considéré pour le remboursement : 1 000 000 FCFA (100 x 10 000 FCFA).

-1ʳᵉ année (différé) : pas de remboursement.

-De la 2ᵉ à la 6ᵉ année (10 semestres) : Chaque semestre, il recevra 1/10 du capital, soit 100 000 FCFA et les intérêts sur le capital restant à 8,1 % par an (4,05 % par semestre).

Obligation et action : quelle différence pour l’investisseur ?

Il est important de faire la distinction :

• Obligation : c’est un prêt. Le détenteur est créancier de l’entreprise. Il reçoit des intérêts fixes et le remboursement de son capital à la fin.
• Action : c’est une part du capital de l’entreprise. Le détenteur devient actionnaire, il peut percevoir des dividendes mais ceux-ci dépendent des résultats de l’entreprise, et la valeur de son action peut monter ou baisser.

Dans cette opération, le citoyen achète donc des obligations, pas des actions. C’est un investissement plus sécurisé, avec des revenus fixes, mais sans possibilité de spéculation immédiate sur le marché secondaire.

Résumé

La SONABHY va transformer de l’argent qu’on lui devait dans le futur (les créances) en argent immédiat grâce au FCTC SONABHY et aux investisseurs.

C’est exactement comme si tu avais des amis qui te devaient de l’argent mais que tu avais besoin de cash tout de suite : tu vends ces dettes à quelqu’un d’autre en échange d’un paiement immédiat.

Interview réalisé par Ousseni SAKANDE

Le Ouagalais