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BRVM|investir à partir du Burkina Faso: les conseils de Boukaré Bancé

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Investir à partir du Burkina Faso sur des marchés sûrs est bien possible. C’est le cas de la Bourse Régionale des valeurs mobilières (BRVM). Cette bourse est marché régional qui regroupe les huit pays de l’UEMOA, avec un fort potentiel de croissance. Elle représente également un moyen pour les citoyens de la zone UEMOA de faire fructifier leurs argents à travers un investissement plus sûr et plus règlementé. Acquérir des propriétés dans les grandes entreprises, avoir des dividendes, des intérêts ou des plus-values étant un citoyen burkinabè et avec très peu de moyens financiers est jusqu’aujourd’hui possible.  Que faut-il savoir et faire ? Boukaré Bancé, expert des marchés financiers et auteur du livre « Investir à la BRVM » démystifie les toiles complexes de cet environnement et lie à travers ses analyses les opportunités de ce marché aux citoyens du Burkina Faso.

L’investissement à la BRVM est bien accessible à partir du Burkina Faso,

Pour investir sur le marché, vous devez avoir un compte titre, c’est comme les comptes bancaires. Quand vous partez à Rood Woko, vous y allez le plus souvent avec un panier pour vos achats, ou à défaut, celui chez qui vous achetez vous sert dans une sorte de panier.  Par conséquent, pour aller sur les marchés financiers, on vous demande d’avoir un panier et ce panier là, vous devez l’avoir au niveau des structures qu’on appelle les SGI (Société de Gestion d’Intermédiation). Dans l’espace UEMOA, vous avez en date  37 SGI et au Burkina Faso, on en dénombre 04 dont la Société Burkinabè d’Intermédiation Financière(SBIF), Coris Bourses, Société Africaine d’Ingénierie et d’Intermédiation Financières (SA2I) et Image Finance Internationale (IFI). Si vous aviez besoin de votre panier, vous partiez auprès de ces structures et aujourd’hui avec la digitalisation, partout où vous êtes, hors de la capitale vous pouvez avoir un compte titre sans avoir besoin de vous déplacer.

Ouvrir un compte titre est basique et valable dans tout l’espace UEMOA

On va vous demander quelques documents d’identifications et un dépôt minimum, c’est l’argent que vous disposez dans votre portefeuille pour acheter vos premières actions. Cela dépend de la SGI, chez qui vous ouvrez votre compte, certaines demanderont un dépôt minimum de 50 000 F CFA, d’autres en demanderont 100 000 F CFA ou encore plus. Il faut comprendre que ce minimum vous appartient, et ne saurait la propriété de la SGI. Quand vous prenez le portefeuille, qui sous-entend que vous disposez de l’argent ; vous partez au marché, vous achetez les biens et services qui sont les produits que vous mettez dans un panier.   Dans votre portefeuille titre également, vous aviez deux comptes. Vous aviez un compte de disponibilité qui est votre poche et l’autre est le compte de titre. Lorsque vous achetez les produits, vous déposez dans le compte de titre.  Voici comment on ouvre un compte et cela est basique, il est aussi valable partout dans l’espace UEMOA. Vous pouvez également à partir du Burkina Faso, ouvrir un compte dans d’autres pays de l’espace, cela se fait et c’est avec ce compte que vous pouvez investir sur le marché financier.

L’investissement ne demande pas de statut

L’investissement n’a pas de visage et tout le monde peut investir même le bébé. Salariés, entrepreneurs, il faut juste être un citoyen de l’espace UEMOA et de tout autre pays. Il n’y a pas de catégorie socio-économique et professionnelle.

Est-ce que notre première idée de business pourrait être la bourse ?

Je trouve bizarre que les mêmes acteurs qui disent ne pas disposer d’argents sont encore les même qui arrivent à se faire arnaquer avec des systèmes de machines qui vomissent de l’argent (ndlr système d’investissement en ligne avec beaucoup de zones d’incertitudes). Si on les ramenait la question à savoir ; n’est-ce pas de l’argent que vous utilisiez la bas aussi ? Ou bien ça serait quoi ?

Vous aviez trouvés moyens d’investir dans ces plateformes et vous manquez d’argent à investir en bourse ?

Quand on veut investir dans les marchés financiers, il faut commencer à avoir ce qu’on appelle un plan d’investissement. Ce plan est personnel ; moi je peux décider de mettre à chaque fin du mois 5000 FCFA ou plus que cela en fonction de mes revenues et c’est un plan à moi et je n’ai pas à faire comme l’autre. Le plus important serait de développer l’habitude en nous ; tout comme un proverbe de chez nous qui dit « celui qui n’a pas pris l’habitude de donner 25 F ne saurait donner mieux même quand il serait riche » et quand vous cultiver cette habitude avec le peu que vous aviez, c’est aussi un investissement. Cela pour dire vous devez rédiger un plan d’investissement que vous exécutez scrupuleusement à la lettre pour ne pas qu’il ait de dérapage. Quand on ne peut pas rédiger un plan on prend attache avec une structure habilité à le faire.

Si vous décidez d’investir telle somme à chaque mois, il faut le faire et le plus important ici ne serait pas d’avoir beaucoup d’argent toute suite mais avoir l’habitude d’investir. Toute fois que vous n’aviez pas cette habitude, vous ne trouverez toujours pas l’argent même avec des millions à votre disposition. Si vous voulez, augmenter leurs revenues de cinq fois, ils font d’abord prendre un temps pour augmenter leurs niveaux de vie. Ce sont les études qui l’ont démontrée, et ces mêmes personnes diront après que cela ne suffit plus, parce que tout simplement ils n’ont pas eu cette habitude. Ce que je conseillerai aux jeunes,  serait de développer cette habitude et pour ça on n’a pas à être riche. Vous devez aussi inculquer cette valeur à vos enfants sinon vous entrainiez toute une génération. Il faut le faire de la même manière que vous transmettez certaines valeurs à vos enfants.

Avec moins que 300 000 F CFA, vous pouvez préparer même l’avenir de vos enfants par l’investissement,

 En toute honnêteté, il faut reconnaître que 300 000 F CFA est déjà beaucoup pour investir et réussir à la bourse ; et je pense qu’il lui faut d’abord un plan d’investissement. Je dirai même qu’il peut commencer à préparer l’avenir de ses enfants avec ce montant. Moi j’ai commencé à investir quand j’étais en deuxième année à l’université, je n’avais assez d’argent mais je l’ai fait. J’ai ouvert mon compte avec 50 000 FCFA et j’ai dressé mon plan d’investissement ; à chaque fin du mois je mettais 5000 FCFA et cela m’a beaucoup aidé dans la vie jusqu’aujourd’hui. je gère mon compte moi-même puisque j’ai eu à cultiver cette habitude. Et comme je le disais celui qui a ce montant doit penser à investir très tôt pour pouvoir récolter réellement avec le temps. Par exemple ouvrir un compte titre pour ses enfants et chaque mois disposer au moins 5000 F CFA et sur au moins cinq ans ; et vous ferez c’est quoi un investissement. Ça peut se faire par virement pour vous faciliter certaines choses. Généralement quand on parle d’investissement, les gens ne connaissent pas ce que ça veut dire, c’est toujours virtuel et ils veulent des cas concrets. Pendant les formations on montre des portefeuilles et on montre comment suivre un plan d’investissement, malheureusement quand certaines viennent avec leurs argents ils manquent toujours d’objectifs. D’autres sont là parce qu’on les a informés ou parce qu’ils ont appris qu’on peut se faire de l’argent mais ils ne savent pas comment ça fonctionne. 

Placez le plus mieux votre argent en Bourse qu’en banque,

J’ai accompagné des acteurs quand Orange se faisait coter sur les marchés, l’action coûtait que 9 500 Fcfa et aujourd’hui, l’action est largement supérieure à cette somme. On avait mis près de 20 millions dans ces actions (orange) et on était passé de 9 500 F à presque 15 000 ou 17 000 en moins d’une année et on avait pratiquement doublé le capital et cela, sans compter les dividendes parce que lorsque vous acheter des actions vous pouvez à la fois gagner soit en dividende, soit en plus-value. Les deux combinés font ce qu’on appelle les intérêts composés et on investit d’année en année. D’ailleurs quand vous déposer votre argent dans vos différentes banques, ils ne dorment pas avec, ils viennent aussi sur les marchés financiers, ils les placent. Quand vous allez avec votre compte d’épargne de 3,5%, eux ils font les placer sur les marchés et gagneront minimum autour de 6 à 6,5 %.

Une fois votre compte titre est ouvert, on vous attribut un profil en fonction de votre goût du risque,

Quand vous ouvrez un compte au près d’une SGI, on peut vous demander à définir votre objectifs et vous allez spécifier cela. On pourrait encore vous demander de clarifier votre niveau de risque. On a généralement trois types d’investisseurs sur les marchés financiers ; il y en a qui aiment les risques, d’autres non et ceux qui font 50% risque et 50% non risque. Ainsi on a un profil et avec vos objectifs on peut vous orienter maintenant.  Et quand vous aviez votre compte, vous pouvez approvisionner quand vous voulez avec les moyens qui vous sont disponibles ; mobile money, virement bancaire, par chèque ou en espèces.

Cet argent que vous approvisionner, c’est cet argent qu’on utilise pour acheter des actions ou des obligations. Si un client avance qu’il n’aime pas les risques, automatiquement on va l’orienter à acheter des obligations. Ce sont des produits sans risques. Maintenant si le client a le goût du risque, on l’envoie vers les actions et dans les actions il y a plusieurs types de risques et à des niveaux différents. Si le profil du client est à 50% risque et qu’il dispose par exemple d’un million, on peut investir 500 000 F CFAS pour les obligations et l’autre part pour les actions. Toujours en fonction de votre profil, on peut déjà savoir comment gérer votre portefeuille. Vous approvisionner votre compte et c’est ce montant qu’on utilise pour acheter vos actions ou obligation.

Vous gagnerait en achetant ou les actions et ou obligations en fonction de votre profil d’investisseur,

Le gain est relatif aux produits qu’on achète, quand vous achetez des actions vous pouvez gagner doublement, c’est-à-dire vous pouvez gagner en ce qu’on appelle des dividendes et en plus-value.

Les dividendes, que sont ils ?

Imaginons une action achetée qui constitue une partie d’une entreprise ; si vous comparez l’entreprise à un gâteau et dans le partage vous aviez une ou deux parts. Ces parts sont comme vos actions dans l’entreprise et une fois que vous les aviez ; vous deveniez aussi propriétaire de l’entreprise. Et ainsi à la fin de l’année l’entreprise fait un bilan pour savoir ce qu’ils gagnent comme bénéfices net. Au cours d’une assemblée générale, les actionnaires décident de ce qu’ils feront avec ces résultats et vous êtes convoqués quelques soit le nombre de vos actions parce que vous êtes désormais membres. Si l’AG décide de la distribution,  chacun aura une part et ce sont ce qu’on appellera  des dividendes. Les plus-values sont la valeur que prend l’entreprise au cours de son l’évolution. Une entreprise quand elle nait, elle évolue. Si on prend Coris Bank international à sa création n’a pas la même valeur qu’aujourd’hui. Si vous prenez les actions de cette banque aujourd’hui, elles sont évaluées en fonction de sa valeur.  Tout comme quand vous achetez un terrain à une année, ce terrain prend de la valeur au fil du temps. Si ce terrain à l’année d’achat était à 5 millions surement au fil des ans, il sera à 5 millions + une valeur, c’est ce qu’on appelle la plus-value.  Vous gagnez alors en termes de dividendes et en termes de plus-value, si vous achetez les actions. Si vous achetez les obligations vous gagnez en termes d’intérêt. Quand un état veut lever des fonds ou tout comme une entreprise, et qu’il passera par des obligations, vous serez informer et  un intérêt en terme de rentabilité  de 6,5% ou 7,5% vous serez versés et vous savez ce que vous devez gagner sans risques.

En derniers point si vous décider d’acheter les sukuk, qui sont les obligations islamique. Ici vous devenez partenaire du projet et vous partagés et les risque et les profits.

Le marché financier de la zone UEMOA est bien sécurisé,

Le marché financier de l’espace est extrêmement règlementé et qui dire investissement dire règlementation. IL y a des acteurs spécifiquement qui sont là pour ça dans l’espace UEMOA.

On a l’AMF UMOA (l’Autorité des Marchés Financiers UEMOA) qui est le gendarme des marchés, c’est le régulateur. C’est elle qui dire qui fait quoi, quand et comment, et c’est elle qui donne et arrache les agréments.  Si un client se sent léser et qu’il a les preuves, il peut saisir l’autorité et aura gain de cause. Le marché est sécurisant, et est différent des plateformes où on y met son argent et après on constate que l’état  n’était informé ni des tenants ni  aboutissants de vos investissements.

Vous aviez la possibilité d’intégrer des fonds communs de placements ou allez en club d’investisseurs,

Sur les marchés vous aviez plusieurs types de jeunes, toutes les catégories socioprofessionnelles et vous aviez la possibilité de vous mettre ensemble pour avoir un compte titre. Et si vous voulez, vous pouvez ouvrir un compte titre individuel et en tant que individu vous  trouverez une SGI et le compte pourrait être en votre nom, ou le nom de votre enfant ou encore celui de votre femme. Au-delà de cela le marché vous offre à travers d’autres structures ce qu’on appelle les fonds communs de placement. Ici pour dire que plusieurs acteurs peuvent se mettre ensemble pour créer soit un fonds commun de placement, soit un prompt d’investissement. L’un dans l’autre on doit avoir un même objectif. Dans un même compte, il ne peut y avoir plusieurs objectifs. Si votre fonds est de faire fructifier votre argent, c’est cela votre objectif ; s’il est pour préparer votre retraite, que ce soit ainsi fait. Une fois que vous vous  mettiez ensemble, vous rédigez ce qu’on appelle des statuts et des règlements intérieur et vous choisissez un représentant. Maintenant sur la base de cela vous pouvez confier la gestion votre portefeuille à une SGI en votre nom ou vous désignez  un des vôtres qui maîtrise la gestion.

voir aussi: Qu’Est-ce qu’une bourse ? Comment fonctionne-t-elle ? Comment y investir son argent et pourquoi ?

Aujourd’hui si un groupe de jeunes décident d’investir en bourse et se mettent ensemble. Ils créent leur compte titre et rédige un statut et les règlements. Ils partent sur le marché et selon leur texte, ils peuvent décider d’approvisionner chaque mois un tel montant par personne (ndlr dans l’esprit de cultiver l’habitude). Si vous êtes au nombre de 20, avec 1000 F par mois vous disposez de 20 000 F CFA  par mois ou encore 10 000 F CFA et cela vous faits 200 000. Et vous travaillez à ce que le fonds se fructifie pour atteindre l’objectif. Dans un club d’investissement, là-bas vous apprenez  à investir, ce qui vous permet de vous éduquer parce que vous devez décider. Qui dit décision dit analyse, on va alors regarder un peu de partout, voir les informations et confronter les idées des uns aux autres. En même temps ça nous éduque, et c’est ainsi qu’on va comprendre le marché. Par conséquent les clubs d’investissements ont pour objectifs d’éduquer les membres et les permettre de faire leur premier pas sur marché. L’un dans l’autre, vous pouvez intégrer un fond déjà disponible, dans ce qu’on appelle les Asset managements.

Vous aviez Coris Asset management qui gère des fonds, vous aviez également AFRICAM de la SBIF, donc vous aviez la possibilité d’intégrer. Pour les clubs d’investissements vous devriez être là au départ, sinon peut être vous pouvez intégrer en fonction des textes qui ont été écrits par les membres, ce qui n’est pas le cas au niveau des fonds où vous n’aviez pas forcement besoin de statut.

interview réalisée par Ousseni SAKANDE

Le Ouagalais

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